Isabelle Roché La maison du pastel

Extrait de PRATIQUE DES ARTS Hors série n°32.

Christian Petit,

artisan passionné, est l'unique détenteur des secrets de fabrication des célèbres Pastels Girault.

Depuis la pesée des pigments, jusqu'au conditionnement, voici comment se déroule la fabrication de ces bâtonnets mythiques, entre patience et application extrême.

Les étapes:

L'empâtement, Le Broyage, le Toilage, la Mise sous presse, le Filage, la Coupe et le Marquage, le Séchage.

L'empâtement

Les pastels Girault doivent leur texture très homogéne à un double procédé: l'empâtement et  le broyage, qui leur confèrent une granulamétrie certes plus élevée que les pastels surfins, mais une parfaite homogénéité en raison du broyage très soigné, réalisé en deux temps, de tous les composants.

Les pigments sont dosés et pesés précisément à la balance électronique avant d'être passés au premier broyage d'empâtement.

Cette phase permet d'associer les pigments les uns aux autres en les humidifiant. Petit à petit, tout le pigment encore en poudre va être intimement mélangé par une prise en eau graduelle.

On associe dans une première phase les blancs et les pigments de manière grossière, trois phases seront au total nécessaires, avec un resserrement progressif de l'entrefer du broyeur.

Le Broyage

 Passage au second broyeur: le Violet en passe de finition, c'est à dire au stade du dernier broyage.la pâte pourra ensuite être mise sous presse.

Cette opération permet d'obtenir une homogénéité de la pâte, pour la couleur comme de la texture. Finalement, la mixtion des pigments, pour cette couleur, aura nécessité quatre passages au broyeur.

La finesse est le maître mot: l'enfer est réglé entre 1 et 2 dixièmes de mm en fin d'opération. le violet composé de 3 pigments est l'une des teintes es plus difficile à obtenir, parce qu'elle nécessite un dosage très fin des ingrédients.

L'efficience du broyage s'apprécie à la viscuosité de la pâte, plus forte à chaque passage.

La pâte doit présenter une consistance qui lui permet d'être montée en tas sans trop s'écouler, pour l'opération de presse.

Le Toilage et la Mise sous presse

 A l’issue du broyage, la pâte (ici le brun noir n°1 premier ton) est enveloppée dans une toile industrielle en nylon de haute résistance, qui va devoir supporter 16 tonnes de pression.

La mise en pression est progressive, l’eau devant être évacuée de la pâte avant le plus fort de l’appui. La pâte commence à se durci à 100bars, et le manomètre pourra monter jusqu’à 260-270 bars : seules quelques s’extraient encore.

En 45 à 60 minutes, la pâte, qui aura exsudé son eau, sera exploitable en filière.

Le Filage

 Le violet est prêt au filage, c’est-à-dire à la réalisation des bâtons de pastels.

Le calibre de l’extrudeuse, est chargé de pâte pressée, bien ressuyée, la pâte est bien tassée.

Après amorçage, le boyau de pâte de 9mm se forme et peut être disposé sur la planche.

Le chargement du calibre est régulier et la pâte doit être de temps en temps réhumidifiée à l’eau savonneuse pour garder sa souplesse.

La Coupe et le Marquage

 Après l’élimination des talons, la première longueur de bâton est coupée, la rainure du gabarit donne la longueur du pastel et le report est effectué pour les découpes suivantes.

Les bâtons non conformes, sont retranchés de la planche mais pourront être réutilisé au filage.

La découpe des lignes précède immédiatement le marquage des bâtons de pastel, réalisé à la main au composteur équipé d’un n° amovible.

Le Séchage

e fait à l’air libre :

Sa durée dépend de la température ambiante et de l’hygrométrie (entre 7 et 10 jours l’été, 15 à 20 jours l’hiver). Rien ne sert d’accélérer artificiellement le séchage, ce qui  rendrait la  texture du pastel trop dure.

J’évalue le séchage correct au toucher :   On doit percevoir le frais et l’humidité, avoir une sensation « neutre ».

Mais la durée du séchage, l’évolution de l’aspect et de la couleur sont d’autant d’éléments d’appréciation à considérer ensemble.